Eloge de la masturbation
Il y a quelques mois, en Australie, l’Etat du Queensland a étonné les internautes en diffusant sur Facebook une campagne encourageant la population à se masturber. Le ministère de la Santé de cet Etat a expliqué sur le réseau sociale que « la masturbation est normale et saine, fait partie de l’expérience sexuelle de chacun et est une très bonne façon de découvrir ce avec quoi on est à l’aise ».
La publication, très appréciée, explique que « la meilleure chose dans tout ça, c’est que c’est pour tout le monde, et est au passage très bénéfique pour la santé et la santé sexuelle. »
« Il est important de travailler à normaliser les messages positifs autour de la masturbation et réduire les sentiment de honte ou de peur qui peuvent y être associés » indique le ministère.
Un article, publié en lien avec cette publication du gouvernement, propose également des conseils aux parents, afin de faciliter la discussion sur ce sujet avec leurs enfants. L’article met également l’accent sur l’impact positif sur le bien-être que peut avoir la masturbation : amélioration du bien-être mental, familiarisation avec nos désirs sexuels, diminution des crampes menstruelles, acceptation de son corps,… Il n’y a donc aucun mal à se faire du bien !
Quelle est la place de la masturbation dans la société ?
La masturbation est encore souvent associée à une pratique sexuelle masculine. L’homme semble la plupart du temps plus à l’aise avec cette pratique, son sexe étant anatomiquement extériorisé et donc plus accessible et visible que celui de la femme. Cette dernière doit de ce fait, partir à la découverte de son propre sexe. C’est ainsi un processus de connaissance et de découverte complètement différent. Cette découverte devient une démarche volontaire et active de la femme que de nombreux freins (éducatifs, culturels, religieux ou émotionnels…) peuvent entraver.
Par ailleurs, ce n’est que depuis peu que les manuels scolaires présentent aux jeunes les organes génitaux féminins externes (vulve, clitoris …). Cette méconnaissance de l’anatomie et des organes du plaisir peut aussi générer une entrave à l’épanouissement sexuel féminin. Enfin, certaines représentations sociales restent encore tenaces, notamment chez les jeunes : pour exemple, une jeune femme sexuellement expérimentée est encore aujourd’hui appréhendée comme une « fille facile» contrairement à l’homme qualifié lui de « séducteur». Certaines inégalités dans les croyances sociales et la perception des deux sexes persistent bien avec une valorisation bien plus positive de l’expérience sexuelle chez les hommes.
Quelles sont les fausses croyances liées à la masturbation et leurs origines ?
A la fin du XVIIIème siècle, certains médecins ont réprimé gravement la masturbation en la décrivant comme un fléau mettant en péril la démographie et l’ordre social. En 1760, Samuel Tissot, médecin suisse, a publié un traité dénonçant la masturbation, comme la source de multiples maladies et empêchant la reproduction. Ces différents faits historiques ont engendré de multiples préjugés ou fausses croyances encore présents à l’heure actuelle, notamment que la masturbation rendrait sourd à long terme, ce qui n’est absolument pas le cas. Certaines personnes s’imaginent aussi qu’il n’y a pas que les célibataires et les personnes en couple avec une vie sexuelle non épanouie qui se masturbent. Or, en réalité, c’est une pratique bien plus courante, ouverte à tout et chacun, et il n’y a aucune raison d’en avoir honte ou de faire perdurer certains vieux clichés.
La masturbation apporte-t-elle des bienfaits dans la vie quotidienne ?
Oui, la masturbation apporte un réel bien-être dans la vie quotidienne. Elle permet notamment la libération d’endorphines et de dopamine. Ces hormones sont connues pour avoir un rôle positif dans la régulation du stress et de la douleur. La dopamine, appelée hormone du bonheur, amène également à une sensation de bien-être pendant l’acte de masturbation. L’Organisation Mondiale de la Santé nous rappelle que « la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social et n’est pas représentée uniquement par l’absence de maladie ou d’infirmité ». Ainsi, en diminuant la charge liée au stress et en se procurant une sensation de bien-être, on améliore son état psychologique.
Quel est le lien entre rapport au corps et masturbation ?
La masturbation est un bon moyen de découvrir son corps, c’est aussi une forme de sexe sans risque. Il n’y a pas de transmission d’Infections Sexuellement Transmissibles ou de risque de grossesse non prévue. La masturbation comme découverte son corps permet également de mieux se connaître et s’accepter, de construire une image positive de soi, permettant ainsi d’avoir des relations sexuelles plus épanouies avec autrui. En effet, masturbation et caresses réciproques permettent de découvrir progressivement le corps de l’autre, c’est en quelque sorte une forme de communication non-verbale instaurant un climat de confiance entre les partenaires. Chacune des deux personnes devant bien entendu donner son consentement.
Faut-il aborder la masturbation auprès des jeunes ?
Oui, pour toutes les raisons énoncées précédemment il est nécessaire d’aborder la masturbation avec eux, afin qu’ils soient le mieux informés possible. L’entrée dans la puberté est le moment où le corps commence à changer et de nouvelles sensations corporelles apparaissent ; les adolescents se posent beaucoup de questions sur le désir et le plaisir. Malheureusement leur seule source de recherches, de connaissances et d’informations est internet, notamment les images et les sites pornographique, générateurs d’autres fausses croyances sur la sexualité.
Aborder la masturbation auprès des jeunes permet ainsi d’échanger avec eux sur la sexualité de manière globale, c’est-à-dire déconstruire ces représentations erronées et promouvoir un bien-être sexuel, mais aussi émotionnel et relationnel. Il est primordial de leur dire qu’il n’y a pas d’âge approprié pour la masturbation, mais qu’elle doit toujours se faire dans un lieu intime avec une posture respectueuse d’autrui.
Que dire aux gens qui n’apprécient pas la masturbation ?
La masturbation n’a pas de caractère obligatoire, il n’existe pas de normalité ou de norme en matière de sexualité ; chacun est libre ou pas de se procurer du plaisir, de ne pas aimer cela ou de se sentir mal à l’aise. La sexualité est une dimension humaine faite de libertés mais également de limites et d’interdits bornées par certains textes de loi.
Pour toute personne ayant des questions, ressentant un malaise lié à la masturbation ou la vie amoureuse et sexuelle, des professionnels spécialisés et formées peuvent vous aider. Au Centre Hospitalier de Lunéville, l’équipe du service de santé sexuelle composée de médecins, sexologues, psychologue, sage-femme, infirmière, vous accompagne avec toute la bienveillance et la confidentialité requises.
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